Compote de pêches et poires au safran

       Pour tout l'or d'un crépuscule automnal

L’été s’en va, ou plutôt il s’enfuit. Chaque jour un peu plus, il nous dérobe sa clarté et nous laisse désolés dans les frimas de l’automne. Encore quelques visites au marché et nous n’y trouverons plus de pêches veloutées et savoureuses.

         Sur les étals, les fruits d’automne grignotent du terrain, étalant leurs couleurs violacées et jaunies. C’est le moment de la transition, c’est le moment d’exalter les saveurs de l’été que se meurt, c’est le moment d’accueillir l’automne, ce grand vainqueur.

         En m’inclinant vers l’automne, je choisis trois de ces pêches que l’on dit jaunes et qui sont déjà presque orangées et acidulées. J’achète encore six poires williams bien jaunes et piquetées de tâches de rousseur.

         Je pèle les fruits, les coupe en morceaux et les place dans une casserole. Une cuillère à soupe d’un miel aux couleurs de caramel. Pourquoi pas un miel de châtaigner ? Et, au fond de mon placard, je retrouve quelques pistils de safran, acquis il y a quelques jours, pour la fête du dieu Ganesh. Quelques filaments donneront à cette compote les reflets d’un soleil couchant.

         Je laisse fondre à feu doux les fruits, dont s’écoule un jus sucré. Je remue de temps en temps pour que le jus s’évapore, sans brûler la chair qui reste. La compote est prête lorsqu’elle est uniforme, souple, sans être liquide.

         Passons, passons, puisque tout passe… Car rien n’est plus précieux que la saveur du temps qui fuit.